« La parole est aux pierres »
Falaises, rochers, pierres, ces photos prises dans les déserts du Sinaï sur la route du monastère Sainte Catherine, du Negev, à Pétra, en Australie et aux USA nous immergent dans un monde minéral tour à tour paisible et convulsif, fascinant.
Aucun artifice, aucun filtre n’a été utilisé, pas plus que d’objectifs macro ou de grossissements extrêmes de l’infiniment petit pour le rendre visible.
Tout est dans le regard buissonnier, tout est directement accessible à l’œil nu, tout est à portée d’œil.
On oublie complètement la photo d’autant qu’il n’y a pas d’échelle et que le sens de la lecture a été laissé à l’arbitraire.
« L’appareil est devenu pinceau ». Et c’est le face à face avec une peinture où se crée un dialogue intime et personnel.
On y perçoit la lampe d’Aladin, une figure de touareg, une tortue volante au dessus d’un crocodile, un paysage alpin, une tempête dans l’océan, une éruption volcanique, l’intérieur d’un coquillage, une chrysalide, un sexe de femme qui nous rappelle l’origine du monde de Courbet, ou tout simplement rien.
Rien d’autre que de la lumière façonnée de rythmes de volumes de couleurs, une musique minérale et nue, un poème peut-être. « La parole est aux pierres », c’est l’histoire du monde qu’elles nous racontent, il faut l’écouter …avec les yeux.
Jean-François Leclercq
